Plus d’un tour dans ma vie!

Plus d’un tour dans ma vie!

18.00 

par Noah Klieger

Dans ses Mémoires, Noah Klieger nous narre sa ‘vie ordinaire’, celle d’un homme qui ne sait pas s’il doit remercier les cieux ou le sort. Cette vie nouvelle et passionnante qu’il conquit, lui dernier survivant de l’équipe des boxeurs d’Auschwitz. Il n’oublie pas non plus de rappeler la mémoire de ses deux compagnons d’infortune et champions français Alfred Nakache et Young Perez.

Description

Noah Klieger, héros du peuple juif, 1925-2018

L’un des survivants de la Shoah les plus connus au monde vient de nous quitter ce 13 décembre 2018. Noah Klieger, né à Strasbourg, avait été déporté de Belgique à Auschwitz en janvier 1943. Par une espèce d’instinct dont il n’avait jamais compris lui-même la cause, il avait levé la main lorsque les nazis avaient demandé s’il y avait des boxeurs parmi les déportés de son convoi. Avec l’aide de ses camarades il avait pu cacher son inexpérience de ce sport, et cela lui avait sans doute sauvé la vie. Non qu’être boxeur à Auschwitz dispensait du travail, mais il recevait ainsi une ration de soupe supplémentaire, ce qui pouvait faire la différence entre la vie et la mort.

Cet épisode que Noah racontait souvent, il le concluait par l’affirmation : « à Auschwitz, pour survivre, il fallait souvent tout une série de miracles, c’est ce qui m’est arrivé ». Survivant en 1945, ayant retrouvé par miracle ses deux parents, tous deux également déportés, Noah décide de respecter le serment qu’il a pris dans l’enfer du monde concentrationnaire : aider à la création d’un Etat juif, afin que le peuple d’Israël puisse redevenir maître de son destin. « C’est à Auschwitz que je suis devenu sioniste ». Il s’intègre donc dans le circuit de la « Bricha », « la fuite », un réseau clandestin créé par l’Agence juive pour faire passer les survivants en Palestine anglaise, alors que les Britanniques empêchent toute Alyah. Mais Noah ne peut être un simple militant comme les autres : en juillet 1947 il est le seul survivant de la Shoah à être intégré à l’équipage du légendaire « Exodus » qui tente de forcer le blocus anglais avec 4500 Juifs à bord. Comme les autres passagers, après l’arraisonnement, il est expulsé sur l’un des trois navires anglais : direction le sud de la France, pour les ramener à leur point de départ. Il accepte de sauter à la mer, pour tenter de joindre un autre navire, et faire en sorte que la majorité des expulsés refusent le débarquement.

Après la guerre d’indépendance, à laquelle il participe, il devient journaliste sportif, et notamment correspondant en Israël du journal « L’Equipe », puis intègre le grand quotidien Yédiot Aharonot, dont il devient l’un des rédacteurs et où il travaille jusqu’à son dernier souffle : son dernier article a paru seulement deux jours avant sa mort, et épuisé, il l’avait dicté à sa fille Iris, elle-même journaliste au Yédiot.

Noah s’était donné un autre serment au camp : celui de témoigner de son expérience personnelle, et à travers elle de rappeler la mémoire de tous les disparus. On ne compte plus les conférences qu’il donnait chaque année, et les voyages qu’il accompagnait en Pologne. Mais il ne manquait pas de le préciser : « on peut décrire Auschwitz, mais on ne peut pas le comprendre ». Sa voix, son humour et sa fierté d’être juif nous manquerons, mais heureusement il nous a laissé ses mémoires[1] en écho de son message. Que son souvenir soit source de bénédictions et d’imitations.

[1]  « Plus d’un tour dans ma vie », Editions Elkana, 2015.

Le livre de Noah Klieger, « Plus d’un tour dans ma vie », est divisé en trois parties : la première (reprenant son premier livre, La boxe ou la vie), décrit l’enfer d’Auschwitz et les nombreuses péripéties qui lui ont permis, miraculeusement, de survivre dans ce lieu où tout Juifs, tôt ou tard, devait mourir. La deuxième couvre la période de la lutte pour l’existence d’Israël, avec au centre l’épisode de l’Exodus. La troisième raconte sa carrière de journaliste, qui lui a permis de traverser les grands événements d’Israël et du monde, et de nous laisser un portrait brillant des personnalités qui ont aidé au développement de l’Etat juif indépendant. Le livre a été publié originellement en hébreu, traduit en Français par Norbert Parienté (Marseille) ainsi qu’en Anglais et en Allemand. Préface d’Elie Wiesel, lui également rescapé d’Auschwitz, prix Nobel de la paix et ami proche de Noah.