Description
Ruth Reichelberg fut de nombreuses années professeur de littérature comparée à l’Université de Bar-Ilan, où elle enseigna essentiellement la littérature espagnole, du Don Quichotte de Cervantes aux œuvres de Borges, d’Arrabal et de Jorge Guillen.
Si elle sut être une enseignante admirée de ses élèves, elle sut également être une élève attentive, assoiffée de savoir toujours plus et de comprendre toujours mieux, auprès de grands maîtres du judaïsme, tels le rav Yehouda-Manitou Askénazi, ou le rav Zvi Yehouda Kook, chez qui elle fut la seule femme à recevoir le statut, jusque-là réservé aux hommes, de hevrouta, compagnon d’étude. Elle choisit, en contribuant à son tour à l’enseignement des textes de la tradition, de devenir un maillon de la chaîne pluri-millénaire de la pensée juive car, disait-elle, « l’étude est primordiale dans la vie de tout juif », et « vous ne pouvez pas avoir d’avenir si vous ne vous ressourcez pas à votre passé ».
Ruth Reichelberg fut à la fois une femme de l’universel humain, dont la culture prenait sa source dans le patrimoine de toute l’humanité, et une femme d’Israël authentique, ancrée profondément, passionnément, dans le vécu de la tradition juive. Les sujets des articles et des livres qu’elle publia jusqu’à ses dernières forces, témoignent de l’équilibre qu’elle avait atteint dans ses recherches, entre le monde de la pensée juive et celui de la pensée littéraire universelle.
Ruth était un être humain dans le sens le plus noble du terme, épris d’authenticité et de vérité, elle ne supportait pas l’hypocrisie des tartuffes, ce qui la conduisait parfois à avoir envers ces derniers des paroles d’une franchise extrême et d’un humour décapant. Elle était fidèle en amitié, présente et à l’écoute, stable et sûre dans ses rôles familiaux, elle avait fait sienne la qualité d’hospitalité décrite dans la Bible à propos d’Abraham.
Le livre Ruth femme d’Israël, est un hommage à cette femme qui à chaque étape de sa vie a noué des relations d’amitié profonde, bien au-delà des liens classiques élève-maître ou maître-élève, avec certaines personnes pour lesquelles elle sentait une affection particulière. Ceux-là étaient sous le charme, et non pas par un effet de séduction, mais par un mélange de soif toujours renouvelée d’entendre des paroles de spiritualité enrichissantes, et de gratitude pour la générosité avec laquelle elle les
dispensait. Tous ceux qui ont participé à cette œuvre collective ont bénéficié d’une manière ou d’une autre de la générosité de Ruth.
Les points culminants des études de Ruth Reichelberg, ceux qui ont marqué particulièrement ses élèves, furent Don Quichotte ou le roman d’un Juif masqué, et L’aventure prophétique – Jonas, menteur de Vérité.
L’interpétation de ces deux œuvres par Ruth Reichelberg est résolument révolutionnaire, à mi-chemin entre interprétation midrachique classique et pure poésie. Avec Don Quichotte, Ruth se sert des règles herméneutiques rabbiniques pour interpréter une œuvre littéraire qu’elle considère, en justifiant pleinement sa thèse, comme éminement mystique, et même kabbalistique.
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